L’inflation est un crainte pour les mères célibataires. C’est la hausse généralisée et durable des prix des biens et des services. Cette hausse a des conséquences sur les mamans solos. Selon l’Insee, les prix à la consommation ont augmenté de 3,2 % sur un an en octobre 2023. Soit le plus haut niveau depuis 1991. Cette flambée des prix affecte le pouvoir d’achat de tous les Français, mais surtout celui des plus précaires, comme les mères célibataires. Comment faire pour faire face à l’inflation quand on est mère célibataire ? Témoignages et analyses.
L’inflation, un phénomène mondial aux causes multiples
L’inflation est un phénomène mondial qui touche de nombreux pays. Notamment les États-Unis, l’Allemagne ou la Chine. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse des prix. La reprise économique après la crise sanitaire du Covid-19, qui entraîne une forte demande de biens et de services. Mais aussi la pénurie de certaines matières premières ou de composants électroniques, qui limite l’offre et fait grimper les coûts de production. Sans oublier la hausse des prix de l’énergie, liée à la tension géopolitique entre les pays producteurs de pétrole ou à la transition écologique.
L’inflation a des conséquences négatives sur le pouvoir d’achat des ménages, qui voient leur revenu réel diminuer. Elle affecte surtout les dépenses contraintes, comme le logement, l’alimentation ou le transport. Ces dépenses représentent une part énorme du budget des plus modestes. Elle peut aussi avoir des effets psychologiques. Par exemple l’angoisse ou la perte de confiance en l’avenir.
Voici quelques témoignages de mères célibataires sur l’inflation :
- Manda, 35 ans, mère de trois filles : « Je compte les centimes, je fais les calculs en faisant les courses, chose que je n’avais pas besoin de faire avant. Le budget de la semaine ne doit pas excéder 80 euros pour quatre, je fais donc mes menus en avance pour que tout soit bien cadré. Je me prive et je donne plus de nourriture à mes filles, pour qu’elles ne vivent pas le ventre vide. »1
- Sandrine, 37 ans, mère d’un garçon de trois ans et demi : « On peut manger et se remplir le ventre, mais avoir une alimentation saine est impossible. Ce matin j’ai voulu acheter une courgette, elle était à deux euros. Je gagne 900 euros, j’ai entre 500 et 600 euros de factures, sans compter la crèche de mon fils que je paie à part. Je suis séparée, je l’élève depuis sa naissance. »23
- Sonia, 40 ans, mère de deux garçons de 10 et 12 ans : “Je n’arrive plus à payer le gaz et l’électricité. J’ai demandé un échéancier à mon fournisseur, mais il me réclame des frais supplémentaires. Je n’ai pas les moyens de changer d’offre ou de faire des travaux d’isolation. Je chauffe au minimum et j’éteins tout ce qui n’est pas indispensable. Mes enfants se plaignent du froid et de l’obscurité.”
- Julie, 32 ans, mère d’une fille de 6 ans : “Je n’ai pas les moyens d’acheter des vêtements neufs pour ma fille. Je vais dans des friperies ou je récupère des habits d’occasion. Mais parfois, il n’y a pas sa taille ou c’est trop usé. Ma fille se moque des autres enfants à l’école qui ont des habits plus jolis ou plus à la mode. Elle me demande pourquoi je ne peux pas lui acheter ce qu’elle veut.”
Les mères célibataires et l’inflation, parmi les plus touchées par la précarité
Les mères célibataires sont parmi les plus touchées par la précarité en France. Selon l’Observatoire des inégalités, elles représentent 82 % des familles monoparentales. Cela représente 2 millions d’enfants. Elles sont souvent confrontées au chômage, à la précarité professionnelle ou au temps partiel subi. Leur revenu médian est de 1 600 euros par mois, soit 40 % de moins que celui des couples avec enfants. Les mamans solos sont aussi plus exposées au risque de pauvreté : 35 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté (1 063 euros par mois), contre 14 % pour l’ensemble de la population.
Avec l’inflation, les mères célibataires voient leur situation se dégrader davantage. Elles doivent faire face à la hausse des prix des produits alimentaires (+14,8 % sur un an), du gaz (+28 %), de l’électricité (+10 %) ou encore des carburants (+30 %). Assumer seules les dépenses liées à leurs enfants, comme les vêtements, les fournitures scolaires ou les activités extrascolaires est difficile. Elles doivent souvent faire des choix difficiles, comme se priver de certains produits de première nécessité, renoncer à des soins médicaux ou réduire leur consommation culturelle ou sociale.
Quelles solutions pour aider les mères célibataires victimes de l’inflation ?
Face à cette situation difficile, les mères célibataires peuvent bénéficier de certaines aides sociales, comme le RSA (revenu de solidarité active), l’APL (aide personnalisée au logement) ou l’ASF (allocation de soutien familial). Elles peuvent aussi parfois compter sur le soutien de leur famille, de leurs amis ou d’associations. Certaines associations leur proposent une écoute, un accompagnement ou une aide matérielle. Certaines mères célibataires choisissent aussi de se regrouper en colocation solidaire ou en habitat participatif pour mutualiser les frais et rompre l’isolement.
Mais ces aides sont souvent insuffisantes.
C’est pourquoi des associations appellent le gouvernement à prendre des mesures urgentes et structurelles. Augmenter le montant du RSA, revaloriser les allocations familiales, créer des places de crèche ou de logement social ou encore lutter contre les discriminations à l’embauche. Elles demandent aussi une meilleure reconnaissance du rôle social et économique des mères célibataires, qui élèvent seules la future génération.
L’inflation est un défi majeur pour les mères célibataires, qui doivent faire face à une double peine : la précarité et la solitude. Elles ont besoin de plus de solidarité et de justice pour vivre dignement et offrir un avenir à leurs enfants.