Avant d’être réellement maman solo, j’étais mère célibataire à deux. Seule 5 jours par semaine. Alors oui, émotionnellement et financièrement, j’étais mariée. J’avais un partenaire. Aussi invisible soit-il. Mais j’aurais pu quand même produire un témoignage maman solo avant même d’être divorcée.
Je sais qu’il y a des couples qui endurent la séparation. Je sais que certains maris travaillent de longues heures, qu’il y en a qui voyagent constamment. Que les maris militaires sont contraints d’abandonner leurs conjoints qui doivent continuer à vivre normalement sans eux. Mais les relations telles que celles-ci peuvent-êtres rapidement contaminées par l’amertume que cette situation peut parfois apporter. Moi je n’ai pas choisi de me marier en connaissance de cause. Je ne m’étais pas attendue à devenir célibataire à deux ainsi. J’ai donc eu rapidement la désagréable sensation d’avoir été dupée, trahie.
Témoignage maman solo: une situation de mère célibataire à deux que je n’ai pas choisie, écrasante au quotidien.
Lorsque vous êtes mariée, vous avez un certain niveau d’attente. Vous avez pris l’engagement d’être présents l’un pour l’autre le jour de votre mariage. Vous désirez donc que votre partenaire soit là pour vous aider avec les enfants. Pour vous aider à trouver un temps de repos quand vous avez désespérément besoin d’un moment de calme. Et pour vous écouter quand la vie devient trop écrasante pour vous. Permettez-moi de vous dire qu’il y a très peu de choses qui sont aussi déprimantes que de savoir si vous avez un partenaire quelque part dans le monde, mais que vous êtes complètement seule. C’est ce que j’appelle être célibataire à deux. Etre un couple sans en être un, être une famille sans en être une.
Mon mari rentrait à la maison chaque week-end, comme un tourbillon. Mes petits attendaient ce moment avec impatience. Comme si c’était la veille de Noël. Et le départ de leur père le dimanche soir ou le lundi matin étaient des drames. Des drames qui se reproduisaient toutes les semaines. Quant à moi, j’étais amère de devoir gérer le quotidien seule. Et même quand il était là, je n’arrivais pas à apprécier ces moments. Je lui en voulais et je me sentais épuisée psychologiquement et physiquement. On s’est éloignés.
Témoignage maman solo: prendre la décision de divorcer plutôt que d’être célibataire à deux.
Que valait-il mieux? Etre pauvres ensemble ou stables financièrement et séparés? Pour moi, le meilleur salaire du monde ne valait pas la séparation. Ni les effets négatifs que cela avait sur nos enfants et sur notre mariage. Pour lui c’était différent. Il était empli d’ambition et de conscience professionnelle. Et nous passions bien après. A égalité avec ses amis qu’il allait aussi voir le week-end, ses soeurs, ses parents que nous voyions un week-end tous les deux mois. Cela peut paraitre peu contraignant, mais quand vous voyez peu vous-même votre époux, cela parait écrasant. Comme le fait de le voir faire et défaire ses valises tout le temps. Repasser ses affaires pour les remettre dans une valise. Acheter une nouvelle valise. Défaire sa valise et s’apercevoir qu’il avait oublié quelque chose « chez lui ».
Contrairement à ce que l’on peut penser, le fait d’être célibataire à deux n’encourage pas à l’indépendance. Du moins pas à l’indépendance financière. Car vous êtes tellement prise par vos différentes obligations ménagères, logistiques et psychologiques que vous ne vivez pas pour vous même, ni pour vos intérêts. De plus, j’ai du refuser des offres d’emploi parce-que je manquais de visibilité sur le futur. Est ce que nous allions devoir déménager dans six mois? Dans 3 mois? Dans 1 an? Je n’en savais rien.
Témoignage maman solo: le divorce.
J’ai fini par enfin prendre ma décision et un week-end quand mon mari est rentré, il a trouvé toute une documentation sur le divorce sur la table de la salle à manger. J’étais sortie avec les enfants et je n’ai pas répondu au téléphone de la journée. Le soir quand je suis rentrée nous avons discuté. Il a proposé de démissionner, de faire des efforts. Il a essayé de me culpabiliser vis à vis des enfants, de notre entourage et même de lui. Mais c’était trop tard le mal était fait et ma décision a été prise. Et ce n’est pas en me traitant d’ingrate que j’allais changer d’avis.
Maintenant quand il rentre le week-end il va à l’hôtel et il vient rendre visite aux enfants un week-end sur deux. L’autre week-end il le passe avec sa famille d’origine ou avec ses amis. J’ai trouvé un emploi. Et nos enfants vont mieux. Bien sûr, financièrement c’est moins facile. Mais le bonheur n’est pas une question d’argent, c’est ce que ma situation m’a appris. Et être célibataire à deux n’est vraiment pas fait pour moi.